Bébé Jajou la Toune
Chanter, ça fait tellement du bien de chanter. Y’a une partie du cerveau qui se met à off quand je chante. C’est un peu comme une berceuse pour mon âme. Que ce soit une toune joyeuse ou triste, y’a un p’tit réconfort qui s’installe au fond de moi. Sauf que…
Ciboire que je chante faux. Mais vraiment faux. Même si j’essaie ben fort de ne partir une envolée à la Céline Dion et de rester sur ma note, c’est comme si je chantais 7 notes en même temps. Une vraie cacophonie dans ma bouche. Sauf que ça m’a jamais arrêté de chanter au grand dam de ceux qui m’entendent. Mouahahah…
J’ai tu déjà fait ça moi :
- Chanter dans ma tête pendant qu’on me parle ?
- Chanter dans un bureau à aire ouverte ?
- Péter une machine à karaoké en plein milieu d’une toune des Colocs ?
- M’enregistrer avec mon “tape-cassette” et écouter ma voix de crécelle et m’endormir là-dessus ? (Désolée Whitney Houston…)
- Me mettre à chanter plus fort quand j’entends : “Maman arrête de chanter, tu gosses” ?
- Chanter même si je ne connais pas PANTOUTE les paroles ?
Oh que oui !
Je chante tout le temps, aussi agaçant que ça puisse être. Je suis un foutu jukebox sur 2 pattes. On dit souvent que c’est en s’exerçant qu’on s’améliore. Sauf que dans ce cas-ci, pas vraiment.
C’est pas grave, pas grave pantoute. Chanter ça me fait du bien, ça me calme, ça me soulage même. Ça fait vibrer les émotions qui se cachent en d’dans. Des émotions, j’en ai plein pis sont fortes sur un chaud temps. Tellement qu’elles me font mal, même les heureuses, joyeuses, amoureuses, elles me font toutes mal. C’est en partie ça être bordeline. Pas plus conne qu’une autre, j’veux pas souffrir. Faque je les envoie se cacher. Chanter, ça les fait sortir par p’tits bouts, ça me fait ressentir ce qui a besoin d’être ressenti. Sauf que…
Chanter à tue-tête quand tu ne maitrises pas ton instrument vocal, c’pas assez. Le corps veut s’impliquer au complet. Adolescente, je jouais de la flûte traversière à en donner des migraines à mes parents et mes voisins. 4 ans à jouer non-stop. Quand j’ai eu 16 ans, mon père m’a proposé des cours de conduite ou une guitare électrique pour ma fête. Aujourd’hui 20 ans plus tard, je peux toujours rider Karma Police de Radiohead par cœur, mais je suis toujours incapable de faire un stationnement en parallèle… J’ai choisi la guitare. Sauf que la p’tite vie d’adulte à creuser son chemin, les études, la job, les enfants, y’avait pu trop de temps pour jouer de la zizique.
Chantonner ? Tout le temps ! Écouter de la musique ? Non-stop. Mais jouer, ça avait pas mal pris le bord. Jusqu’à ce qu’un moment donné, je commence à reconnaitre les symptômes d’une dépression qui revenait à grand galop. Une autre. Pis je ne voulais vraiment pas. J’ai ressenti une urgence de me connecter à quelque chose qui me définissait. J’ai contacté quelques amis pour leur demander s’ils ne pouvaient pas me référer quelqu’un qui pourrait donner un coup de neuf à ma belle et vieille Juliette. 1 semaine plus tard, je recommençais à faire glisser mes doigts sur son manche. Sauf que j’avais beau me rappeler comment jouer, mes doigts m’ont rappelé encore plus vite qu’ils n’avaient plus d’endurance. Ayoye !
Sauf que j’étais heureuse.
C’était comme retrouver une partie de ce que je suis, une partie importante qui ne vivait plus depuis longtemps. Je n’ai pas arrêté depuis. J’ai changé d’instrument, je suis passée au ukulélé, mais je n’ai pas arrêté et je n’arrêterai jamais plus, jamais plus.